Les enseignants déplacés qui s’apprêtent à l’ouverture de l’année scolaire, se disent surpris de l’exigence de leurs gestionnaires pour rentrer dans leurs zones de provenance, alors que les enfants à encadrer, sont aussi en déplacement.
Julien Sibomana, responsable de l’Institut Rubare, une école déplacée fonctionnant ià Goma, à l’image des autres, demande aux autorités hiérarchiques de trouver une solution en leur faveur et celle des enfants.
Sauti ya wahami : Vous êtes Préfet des études de l’Institut Rubare, une école qui fonctionne en déplacement. À quelques jours de la rentrée scolaire, des appels de gestionnaire se multiplient pour que les enseignants rentrent dans la zone, comment vous vous y prenez ?
Sibomana : La rentrée pour nous les déplacés, elle est préparée avec le Proved et la chargée de l’éducation. Dans peu de jours, ils vont nous informer de comment nous tenir. Néanmoins, tous les gestionnaires surtout à Rutshuru, sont en train de menacer les enseignants déplacés qui sont ici à Goma, de retourner dans la zone. Récemment, nous avons reçu la lettre des gestionnaires catholiques qui ont donné l’ultimatum aux enseignants, que celui qui ne sera pas dans la zone à partir du 22 août, déclarant qu’au-delà de cette date, l’enseignant sera déclaré déserteur. Cette lettre nous a fortement révoltés. On se dit finalement en tant que déplacé, nous n’avons pas droit a l’exil ? Alors que c’est parmi les droits fondamentaux de l’homme. C’est ainsi que nous avons recouru auprès du Proved et le ministre de l’enseignement qui nous ont rassurés qu’on ne peut pas rentrer sans notre volonté. Ils ont d’ailleurs dit que comme à Rutshuru, il y a des enseignants et des élèves, ils vont les encadrer là-bas et nous, nous aurons à encadrer les élèves déplacés ici, comme le gouvernement a décidé d’ouvrir les écoles ici comme l’année passée, pour l’encadrement des enfants déplacés dans les camps. Nous allons prester comme des fonctionnaires de l’État et encadrer les enfants de l’État. Je ne vois pas comment cela peut nous causer des pépins avec les gestionnaires.
Sauti ya wahami : L’année passée, vous vous êtes dit préoccupés de mauvaises conditions de fonctionnement de vos écoles. Que recommandez-vous pour une rentrée effective et réussie ?
Sibomana : Avec les enfants déplacés, les encadreurs, nous avons des soucis. L’année passée, nous avons travaillé dans des conditions difficiles, vous connaissez que les déplacés qui sont au camps, viennent étant affamés, fatigués, très stressés, et là, ils doivent étudier l’après-midi. Vous comprenez que c’est pas facile. À cela s’ajoute aujourd’hui, le manque des fournitures scolaires, mais aussi les enseignants sont dépourvus de tout. C’est pourquoi, nous sollicitons aux partenaires de l’éducation et au gouvernement d’aider les enfants avec des cahiers, des uniformes. Et comme vous le savez, nos écoles secondaires n’ont pas de frais de fonctionnement et les enfants ne payent pas, d’où, la difficulté de trouver les craies, les manuels scolaires, les cahiers de préparation. C’est pourquoi, nous appelons à l’aide avant l’ouverture de cette année scolaire.
Propos recueillis par Bolingo Hamada