Des nouvelles vagues des déplacés affluent différents camps et sites autour de la ville de Goma au Nord-Kivu. Venus notamment des villages Kiseguru en groupement Binza et Tongo en territoire de Rutshuru, ils se retrouvent dépourvus de tout voire d’habitations. Justin Kanama, président du site de Don Bosco qui a accueilli ces nouveaux, déplore que ceux-ci manquent complètement de tout. Il l’a dit à « Sauti ya wahami »
Sauti ya wahami : Nous apprenons qu’il y a des nouveaux ménages déplacés qui affluent ce dernier temps dans différents sites en provenance de Rutshuru, vous en avez déjà reçu des dizaines, vous pouvez nous en parler ?
Justin Kanama : C’est depuis le 27 septembre soir que nous avons vu 4 mamans, accompagnées de leurs enfants venus dans ce site avec des colis, des sacs remplis des objets, en fouillant bien-sûr. Elles nous ont raconté des tragédies qu’on ne peut pas tolérer. Une maman nous a raconté que sa fille avait mis au monde au champ. La femme avait fait 4 jours, on l’a obligé de mettre son enfant, son bébé de 4 jours dans l’eau bouillante qu’elle voulait utiliser pour la préparation de la patte. C’était vraiment émouvant d’écouter des telles histoires. Une autre nous a dit que derrière elle, il y a une maman de Kiwanja qu’on a coupé un sein, une autre on l’a coupé deux oreilles. Ce sont des punitions qu’on inflige aux mamans qui vont au champ, donc, on les empêche catégoriquement de faire les travaux de champs. C’était la première vague qu’on a reçue depuis le 26 septembre, c’était 4 ménages. Jusqu’à présent, nous avons déjà reçu 41 ménages. Ils étaient affamés, traumatisés et avec ces histoires qu’ils venaient de nous raconter, nous avons été obligés de les mettre à l’abri. On a cherché des bâches, on a fait des huttes mais les bâches sont comme des moustiquaires, elles sont usées. C’est pour dire qu’ils sont à l’extérieur, ils n’ont pas à manger. Quelques-uns sont venus avec la fièvre, ils avaient les plaintes de malaria. Ils sont soignés mais ils n’ont pas à manger.
Sauti ya wahami : Vous soulignez que ces déplacés sont dépourvus de tout, sont traumatisés, que faire pour qu’ils se sentent soulagés ?
Justin Kanama : On a alerté presque partout. On a alerté la zone de santé, les organisations partenaires mais jusqu’à présent, nous voyons quelques-uns venir voir mais rien n’a été encore fait. C’est une souffrance. C’est pourquoi, nous plaidons à toute personne de bonne volonté, même un particulier, même un habitant de Goma qui peut avoir quelque chose car beaucoup de fois, nous sommes sauvés en grande partie par la population de Goma. Les ménages de Goma viennent nous assister même les églises, les écoles, mêmes les organisations internationales peuvent voir comment assister ces personnes.
Propos recueillis par Justin Nzabonimpa