Madame Hélène Makule, Coordinatrice de la Ligue des femmes du Nord-Kivu (LIFEN) déplore les conditions de vie vulnérables dans lesquelles vivent les enfants déplacés dans des familles d’accueil à Lubero-centre. Se livrant à « Sauti ya wahami », elle plaide pour un encadrement solide.
Sauti ya wahami : Nous avons appris que vous avez identifié des enfants déplacés avec le dynamisme des affaires sociales du territoire de Lubero. Quel est le nombre d’enfants non-accompagnés dans des sites, comme dans des familles d’accueil spontanées ?
Hélène Makule : À Lubero, nous avons eu plus de 57 enfants que nous avions identifiés avec le service de la DIVAS (division des affaires sociales), qui sont venus sans leurs parents que nous appelons en protection les ENA (Enfants non accompagnés). Il y a des filles et des garçons, leur âge varie entre 3 mois et 17 ans.
Sauti ya wahami : Actuellement, est-ce que ces enfants restent sur place depuis le début de leur enregistrement ?
Hélène Makule : Non. Après la vérification que nous avions faite, le samedi, nous avions constaté qu’il y a 20 enfants qui sont déjà entre les mains de leurs familles à travers le service de la DIVAS et les partenaires, entre autre ODDH avec financement de l’UNICEF. Donc, 37 enfants sont encore dans la communauté.
Sauti ya wahami : Quelle est la vie que mènent ces enfants dans des sites ou des familles d’accueil spontanées ?
Hélène Makule : Les enfants traversent une vie très compliquée, très difficile car premièrement, ces enfants ne sont pas avec leurs familles. Ils vivent avec des personnes qu’ils ont trouvées en cours de route. Puis, ces enfants ne sont pas tellement considérés comme d’autres, ils sont parfois discriminés dans leurs familles d’accueil. Les enfants sont utilisés comme des domestiques. Je peux le dire, quelque fois ils n’ont pas les mêmes droits que les enfants de leurs responsables. D’autres groupes font des navettes vers Masereka pour aller demander de l’aide, d’autres passent maison après maison ici à Lubero, pour la même cause. Pour ces enfants, il y a le risque de violences sexuelles chez les jeunes filles car elles partent de Lubero à Masereka à pied, alors que la route est moins sécurisée. Il y a aussi des exploitations sexuelles.
Sauti ya wahami : Quel est le message pouvez-vous lancer aux autorités administratives ?
Hélène Makule : Que les autorités de Lubero puissent sensibiliser les FAS (Familles d’accueil spontanées, Ndlr), à céder les enfants car il y a les partenaires qui ont le paquet à travers le service de la DIVAS et nous voulons que ces enfants puissent entrer dans des familles d’accueil transitoire appelé FAT.
Propos recueillis par Amelia Kaseso